Comment revenir sur le passé de l’entreprise FOG (Fabrique d’Outillage pour Garage) pour bien comprendre le lien avec l’AASF (Association des Anciens Salariés FOG). Cette présentation relatera simplement et rapidement ses plus grands moments qui m’ont paru essentiels. Ce n’est pas un exercice facile d’autant que son histoire est longue et perdure encore aujourd’hui.
FOG a été pendant plus de 50 ans, le fleuron de l’industrie du bassin Cosnois. Primordial pour son devenir ; rester, comme depuis ses débuts, une entreprise à la pointe de l’innovation et de la recherche, créative et souvent en avance sur ses concurrents.
Tout a commencé en 1929 à Levallois avec Mr Kléber Makarawietz, par la fabrication des premiers crics hydrauliques. Dans le même temps, il créa la marque FOG.
En 1938 arrivée de Jacques Jeandreau, déménagement rue Bernot à Cosne-Cours-sur-Loire. Mr Jeandreau a été le dirigeant historique de FOG et certainement son plus grand visionnaire ; capitaine d’industrie comme l’on dirait aujourd’hui.
A partir de 1945 et jusqu’en 2009, implantation sur le site de Myennes (58) avec la construction progressive et étalée des différents ateliers de production et du bâtiment administratif «l’étoile». Des centaines d’emplois créés jusqu’en 1972 mais par la suite, malheureusement, de nombreux licenciements.
En 2009, une page douloureuse se tourne, avec le déménagement total de l’entreprise avec ses 120 salariés sur un site à Briare. Dans les trois années qui ont suivi, l’ensemble des bâtiments et ateliers du site historique de Myennes ont été rasés.
2016, départ de Briare pour Cosne/Loire pour les 60 salariés restant. Mais en 2019 nouveaux licenciements. Entre temps, implantation d’un site à Nantes avec des emplois à la clé. A ce jour, il reste 60 salariés répartis sur les sites de Cosne/Loire et Vertou (44).
Leader, inventeur et développeur, FOG a été à l’origine de plusieurs innovations liées majoritairement aux services à l’automobile en proposant des produits de qualité. Ponts élévateurs 4 et 2 colonnes et à ciseaux de différents tonnages, presses hydrauliques, nettoyeurs haute pression à chaud, appareils de graissage, enrouleurs, pompes pneumatiques, lavages à brosses pour voitures, poids lourds et autocars et même motos, hayons élévateurs… . Qui n’a pas vu et voit encore un pont, un cric, une presse FOG dans un garage vers chez soi, ou sur la route des vacances. Des fabrications de qualité réputées pour leur longévité (nous ne connaissions pas l’obsolescence programmée !) réalisées par des milliers de professionnels qui s’y sont succédés : en mécanique générale, tôlerie, mécano-soudure, peinture, traitement de surfaces, montage, maintenance, restauration et sans oublier les services administratifs, logistique et gestion, commercial et SAV. C’est ce qui a fait la réputation de FOG en France mais aussi en Europe.
Au fil de ces décennies ce sont des dizaines de milliers de produits fabriqués à Myennes qui sont sortis des ateliers jusqu’au début des années 2000, puis, progressivement, seulement pour une petite partie d’entre eux jusqu’à l’arrêt total.*.
En 1972, FOG a compté jusqu’à 980 salariés. Le maintien de ses productions et de ses emplois n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. De nombreuses péripéties ont ponctué la vie de l’entreprise dont plusieurs conflits majeurs, qui pour certains ont scellé le devenir de l’entreprise comme en 1975 quand GRACO, propriétaire, a voulu stopper l’hydraulique. Il y eu aussi 1962 et ensuite 1985, 1995 et 1997 avec 150 licenciements*.
Malgré les efforts consentis par les salarié(e)s et employé(e)s à de nombreuses reprises, avec leurs organisations syndicales, le déclin a été inexorable, long et continu. Même si l’échéance a été maintes fois repoussée, les rachats successifs et changements d’actionnaires, les stratégies et orientations changeantes, la concurrence de plus en plus rude, les fabrications de pays émergeants, ont fragilisé petit à petit la structure même de l’entreprise pour aboutir à un arrêt total de la production qui est aujourd’hui fabriquée exclusivement par des sous-traitants.
Il y a eu de grands moments de satisfaction mais aussi plusieurs épisodes douloureux. Satisfaction, lors de la sortie de nouveaux produits et des embauches nécessaires. Amertume et parfois colère, à l’annonce d’arrêts de fabrications, de réorganisations, de changements d’actionnaires et de licenciements trop souvent à la clé. Néanmoins, l’attachement pour celles et ceux qui y ont travaillé, a toujours été très fort. Et ce n’est pas qu’un ressenti. Je l’ai constaté pour l’avoir vécu pendant mes 20 années passées de 1979 à 1998.
Pour résumer, je dirais que très majoritairement, ce qui rapprochait les salariés était plus fort que ce qui les opposait. Un destin commun ? Peut-être pas jusque-là, mais ça lui ressemble quelque peu. La preuve en est que l’AASF, Association créée en 1998* qui compte aujourd’hui 570 adhérents, permet, au-delà des avantages qu’elle propose à ses adhérents, de tisser des liens qui sont depuis cette date renoués, installés et forts. Liens maintenant intergénérationnels qui permettent des échanges riches et nouveaux, comme lors de l’Assemblée Générale 2020 en présence de 200 personnes.
Sans oublier, car c’est important, que cette entreprise a été une référence pour nombre de salariés des entreprises locales au regard des conditions sociales et d’emploi pour ses employés. FOG, a été quelque part, la référence sur laquelle nombreux se sont appuyés.
Pour toutes celles et ceux qui y ont travaillé, pour la population Cosnoise et de ses environs, cette histoire leur parle, ils s’en souviennent. Pour tous les autres, ce récit de quelques lignes leur auront-elles suffit à comprendre cette aventure, cette épopée dans le temps longue de 90 ans ? Je ne peux que l’espérer. Pour en savoir plus, les archives de la presse quotidienne et locale sont une mine d’or à consulter. Mais également le site de FOG.
Les photos qui enrichissent ce rapide exposé le complètent et en disent bien plus long qu’un inventaire sans fin. C’est tout au moins mon avis.
*A l’annonce de ces licenciements en juillet 1997, un conflit social dur s’est engagé. Au terme d’une lutte de 2 mois, et après une consultation des salariés en grève, un accord de fin de conflit a été signé prévoyant des enveloppes conséquentes en matière de formation, d’accompagnement vers un nouvel emploi, de complémentaire santé, d’indemnités de licenciement mais aussi du maintien de 120 emplois, dont une partie sur le site de Myennes. Ce conflit a été exemplaire de la part des personnels et de leurs organisations syndicales CFDT, CGT, CFE-CGC. Leur responsabilité à cette signature a été déterminante pour les emplois conservés. Aujourd’hui, la marque FOG existe toujours, bien que le nombre des salariés actuels ne soit plus du niveau de 1998. L’entreprise FOG compte un site à Cosne/Loire et un autre à Vertou (44) pour 60 salariés au total.
Francis Cordier, ancien salarié et Président de l’AASF